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Abdelhakim Belhacel, lauréat du prix du master du département d'histoire

Publié le 16 décembre 2022 Mis à jour le 4 avril 2024

Abdelhakim Belhacel, qui commence cette année son doctorat au sein de l'ESNA, a reçu le 12 décembre 2022, lors d'une très belle cérémonie, le Prix du Master d'Histoire pour son mémoire de recherche sur le thème suivant : Commerce d’êtres humains et projets coloniaux à Zanzibar et Kilwa. Étude de la traite négrière française à la côte swahilie et des relations diplomatiques liant Français, Swahilis et Omanais (1770-1859).

Date(s)

du 12 décembre 2022 au 30 janvier 2023

Plusieurs centaines de milliers de personnes ont été réduites en esclavage et déportées d’Afrique de l’Est vers les colonies françaises, notamment vers la Réunion et Maurice. Cette traite atteint son apogée entre 1770 et 1859. Les négriers français achètent alors de nombreux esclaves à la cité-état swahilie de Kilwa, à l’île de Zanzibar, contrôlée par les Omanais, et aux dépendances de celles-ci. En 1770, le sultan de Kilwa, craignant l’expansion omanaise, conclut un traité avec un négrier français où il se place sous la protection de la France en échange de tarifs fixes pour l’achat d’esclaves et de la concession d’une forteresse et de terres aux Français. Le traité reste lettre morte mais l’intérêt des administrateurs français pour la côte swahilie est dès lors éveillé. Notre mémoire porte sur les différentes itérations des projets de colonisation française de la côte swahilie qui s’enchaînent jusqu’en 1859 lorsqu’une intervention britannique met en échec les alliés des Français à Zanzibar. Nous explorons les liens entre ces projets coloniaux et les milieux négriers, tant français qu’omanais et swahili. Les interdictions officielles de la traite et l’abolition de l’esclavage ne mettent fin ni à la traite ni aux projets de colonisation qui, s’ils restent finalement chimériques, ont fait l’objet de reconnaissances et de projets développés de la part des administrateurs français.

Ce mémoire souligne l’importance des sources produites par les négriers français pour la compréhension de l’histoire économique et politique de la côte swahilie. Il permet ainsi de réévaluer la pertinence de l’analyse préexistante dans l’historiographie des motivations ayant poussé les Omanais à s’emparer de Kilwa. La date attribuée à cet événement essentiel pour l’histoire de la côte swahilie (1789 plutôt que 1785) est elle aussi remise en cause par l’analyse de ces sources. Ce mémoire montre également les continuités de la traite des esclaves à celle des « engagés ». Une analyse de nombreuses sources nous permet de proposer une réévaluation à la hausse de l’ampleur de ces traites. Nous proposons une histoire connectée, en nous appuyant sur des sources arabophones, francophones et anglophones. Cette approche permet de montrer les circulations entre les empires coloniaux français et omanais : les échanges entre négriers omanais et français dépassent la traite proprement dite et concernent également des modes d’organisation des plantations serviles, des végétaux (clous de girofle, manioc, etc.) et des animaux (ânes blancs de Mascate). L’approche connectée permet également une meilleure compréhension des motivations des différents acteurs, des négriers aux sultans.
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Mis à jour le 04 avril 2024